Mobile: tous les opérateurs progressent, même Sunrise UPC!

  • Dernière modification de la publication :18/02/2024
  • Commentaires de la publication :8 commentaires
Illustration: DALL-E3.
Illustration: DALL-E3.

La Suisse est un pays formidable où la concurrence exacerbée dans le domaine des télécommunications permet à tous les opérateurs de progresser! Petite analyse un brin caustique d’un marché où il n’y a que des gagnants et surtout de très gros bénéfices à faire!

Procédons chronologiquement. Swisscom a été le premier à présenter ses résultats annuels 2023. «Dans le secteur de la communication mobile, le nombre de raccordements a augmenté de 0,5%, atteignant 6,20 millions. Dans ce même domaine, la structure de la clientèle a évolué, avec une augmentation des raccordements Postpaid (+129’000) et une baisse tout aussi significative des raccordements Prepaid (-100’000)», selon un communiqué. Au final, Swisscom a gagné 29’000 SIM sur une année. Toujours intéressant de donner ces deux valeurs…

Une, deux ou trois cartes SIM?

Ensuite, Sunrise UPC, dont différents articles de presse ont relaté la mauvaise expérience des clients ces derniers mois, communique sur ses unités génératrices de revenu (RGU). «Sur l’ensemble de l’exercice 2023, Sunrise a réalisé un gain net de 132’000 RGU mobiles postpayés, c’est-à-dire cartes SIM B2B et deuxièmes cartes SIM incluses. Hors cartes SIM secondaires conformément à la définition de Liberty Global, la croissance de la clientèle Postpaid a atteint 103’500 RGU sur l’ensemble de l’exercice 2023.» A la lecture des chiffres détaillés sur le site de Liberty Global, on apprend qu’à fin décembre Sunrise totalisait plus de 2,8 millions de SIM.

Intéressant! On constate un premier problème. Quelle est la définition exacte d’une carte SIM? On constate aussi que Sunrise, comme Swisscom d’ailleurs, propose des SIM multiples, ce qui n’est pas le cas de Salt, qui résiste à cette tendance si pratique pour le consommateur, mais pas toujours très avantageuse pour celui qui vend les sésames qui permettent d’accéder à son réseau mobile…

L’inconnue Salt sur 2023

Tout ça nous amène à Salt qui n’a pas encore publié ses résultats 2023. A la fin du troisième trimestre, il écrivait: «Au troisième trimestre, Salt a recruté 32’100 abonnés mobiles postpayés, établissant ainsi un nouveau record avec un total de 92’200 abonnés nets pour les neuf premiers mois, soit une augmentation de 27% par rapport à la même période de l’année précédente». A priori, Salt devrait faire quelque 120’000 nouveaux abonnés mobiles sur facture en 2023. Mais combien aura-t-il perdu de prépayés?

On constate d’abord qu’une concurrence modérée s’exerce puisque Swisscom semble progresser moins fortement que ses deux concurrents qui comptabilisent les nouvelles recrues de manière différente. A priori, si ces chiffres se confirment, la progression de Salt semble très intéressante compte tenu de sa force de frappe plus relative que celles des deux duopolistes Swisscom et Sunrise UPC.

Ensuite, ce marché où tout le monde gagne et personne ne perd a de quoi surprendre alors que presque chaque citoyen transporte un smartphone dans sa poche. En réalité, cela fait déjà plusieurs années qu’il y a plus de SIM en circulation que de personnes résidant en Suisse, ce qui s’explique par les abonnements d’entreprises et les abonnements multi-SIM, notamment…

Quelle dynamique de croissance?

Par ailleurs, la croissance continue de la population Suisse explique aussi en partie les exploits de ce marché merveilleux où l’on est presque condamné à gagner des clients si l’on propose des tarifs en phase avec les tendances actuelles. Reste que l’observateur attentif se posera tout de même une dernière question.

Comment se fait-il que personne ne perde vraiment des abonnés, d’autant plus que Swisscom a traversé certains trimestres en recul? La raison est simple: la concurrence est toute relative. Et en ce sens, sachant en passant que Sunrise UPC peine à se maintenir sur le fixe (malgré le rachat d’EBL, par exemple), on se dit que sa progression sur le mobile n’est pas si terrible que ça, même si cet opérateur continue de dégager de juteux bénéfices.

Xavier Studer

Cet article a 8 commentaires

  1. Alain

    Qu’appelez-vous de “juteux bénéfices” ?
    Les opérateurs historiques doivent supporter de lourdes charges en personnel, messenger/whatapps permettent d’appeler gratuitement le monde entier, les régulateurs n’ont de cesse de les obliger à partager ce qu’il leur reste de rentable, à savoir le réseau fibre. Quel est le rendement par action ?
    Si je prends l’exemple de proximus les bénéfices ne permettent déjà plus de servir un dividende.
    Ce n’est pas en étant obligé de brader leur fibre et avec des abos mobiles à 5-10€ qu’ils s’en sortiront une fois que leur offre de TV linéaire sera contournée par la chaînes elles-mêmes.

  2. Pierrot Niblas

    Il est, hélas, souvent comme cela quand les financiers dirigent une entreprise. Les exemples en Suisse sont nombreux d’entreprises où les entrepreneurs ont été remplacés par des financiers, dont le retour sur investissement est prioritaire par rapport à la valeur industrielle.

  3. jubal

    « le retour sur investissement est prioritaire par rapport à la valeur industrielle »… Concrètement, vous voulez dire quoi par là? La capacité d’une entreprise/industrie à dégager des bénéfices est la seule métrique qui intéresse réellement. Si votre industrie n’en dégage pas c’est qu’elle dilapide des ressources précieuses (en augmentant le prix pour les autres entre autres), elle n’aurait donc aucune « valeur industrielle ». Lorsque les « financiers » doivent subventionner une entreprise, on appelle ça une association caritative.
    Les opérateurs font de gros bénéfices? Parfait! 1) Cela veut juste dire que les consommateurs sont bien contents de payer ces services. 2) Dans un marché concurrentiel, il y a toujours des nouveaux entrants disposés à faire moins de bénéfices (en baissant les prix donc) pour gagner des clients, poussant les autres à s’aligner… Des fois j’ai l’impression qu’en réalité c’est juste la confédération qui empêche la concurrence avec son contrôle du plus gros opérateur du pays, ainsi qu’en les limitant (combien de fusions rejetées déjà pour empêcher la création d’une entreprise de la taille de swisscom?). Mais j’ai peut-être tort, les bons sentiments à eux seuls arrivent à altérer la réalité des faits parfois.

  4. Christian

    Bel article qui nous montre bien le problème d’un marché limité à 3 fournisseurs, donc finalement quasi semi-regulé.
    Si je me souviens bien, il devait y avoir 4 fournisseurs à la base (ou concessions), puis Telefonica s’est retiré, mais est-ce que la Confédération a laissé la porte ouverte pour un 4ème opérateur lors du dernier renouvellement des concessions ?
    Finalement, est-ce les opérateurs qui maintiennent ce triopole, ou la Confédération pour protéger Swisscom?

  5. Tricoline

    Pour les américains possesseurs de Sunrise UPC tout ne semblent pas si rose que cela en Suisse, vu qu’ils vont probablement se retirer !
    .
    il faut se méfier des déclarations lénifiantes des entreprises capitalistes qui annoncent de juteux bénéfices et qui licencient quelques semaines après.
    .
    Salt et Sunrise UPC ce ne sont pas des gros investisseurs en Suisse, ils font le minimum nécessaire et encore.
    .
    Swisscom investit lentement au rythme suisse, il prédit 70 à 80% des raccordements en fibre pour fin 2030, d’autres spécialistes arguent que c’est pas réaliste, pas avant 2034/5

    Un extrait de
    https://www.itmagazine.ch/artikel/80018/Streitgespraech_Einfach_den_Markt_spielen_lassen.html
    traduit en français :
    « Swisscom a annoncé qu’elle aura raccordé 70 à 80 pour cent de la population à la fibre optique d’ici 2030. Cet objectif est-il réaliste ?
    Luzi von Salis : Je ne pense pas que cela soit possible – aucune chance. Les ressources pour cela font défaut, les spécialistes du génie civil sont à pleine capacité, tout comme les spécialistes de la fibre. Ma prévision est que les 70 à 80 pour cent ne seront pas atteints avant 2034 ou 2035. Pour ce faire, Swisscom devrait augmenter considérablement son budget annuel. »

  6. Yeye

    Avoir 3 opérateurs pour un petit pays comme la Suisse est déjà bien. En France, 4 opérateurs avec une tendance à 3… les investissements lourds dans les infrastructures ne sont pas négligeable. En Suisse ce n’est pas Salt avec ses abonnements au prix du jour qui va faire avancer le pays technologiquement. Après avoir engrangé l’argent, Niel revendra au meilleur prix.

  7. Alain

    swisscom verse un dividende de 22 francs et l’action est à 520 ce qui donne du 2,8% taxes déduites.
    C’est ce que rapporte actuellement un compte en banque, le risque en moins.
    En Belgique l’Etat a fait fort: laisser entrer un 4ème opérateur mobile, CityMesh/DIGI, qui va malmener proximus dont il est actionnaire à 53,6%. C’est ce qui s’appelle se tirer une balle dans le pied. De vrais génies de la finance !

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