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High-tech: sobriété numérique, dé-numérisation ou décroissance générale?

Le volume et le nombre de types de déchets électroniques continue d'augmenter.
Le volume et le nombre de types de déchets électroniques continue d’augmenter.

On parle souvent de numérisation avec beaucoup de retard. Dans le contexte actuel, les esprits pionniers s’intéresseront probablement davantage à la dé-numérisation, soit une conséquence de la «sobriété numérique», un nouveau concept, qui n’est rien d’autre qu’une forme de décroissance globale.

En effet, même si d’aucuns aimeraient bien trouver unilatéralement un coupable à nos problèmes de société, réchauffement climatique en tête, il n’y a pas que le numérique, la mobilité ou l’industrie de manière générale à être responsable de cette évolution. Même si la galaxie numérique et technologique consomme beaucoup d’énergie, elle n’est pas la seule. Et puis il y a le problème de la matière consommée par nos différentes activités.

L’omniprésence des métaux

C’est dans ce contexte que je suis tombé sur l’interview d’Aurore Stéphant, ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires des filières minérales. Elle travaille actuellement pour l’association SystExt, qui réunit notamment des professionnels en activité ayant un intérêt pour les systèmes extractifs, en particulier miniers.

Interviewée par l’émission Thinkerview (voir note Wikipedia), cette spécialiste s’exprime pendant plus de trois heures sur les impacts environnementaux, sociaux et humains de l’industrie minière, l’omniprésence des métaux dans tous les biens du quotidien et dans tous les secteurs. Rien que cette évocation fait réfléchir par rapport à certains mirages qu’on nous vend aujourd’hui sous des labels verts comme «décarbonation»…

Elle évoque d’ailleurs judicieusement, du moins de mon point de vue, les paradoxes associés aux «transitions» numérique et énergétique. Parmi ses exemples, les cas particuliers des véhicules électriques et des ampoules basse consommation. Pour appuyer son propos, son association met à disposition dans un PDF les liens permettant de vérifier son argumentation.

Que faut-il dé-numériser?

De manière très générale, elle montre les limites de notre modèle de développement et esquisse des prévisions de «croissance métallique», qui ne tiennent pas compte de nombreux facteurs. Elle souligne notamment les difficultés croissantes à extraire un volume de métaux toujours plus important et ses conséquences sur l’environnement. Sans parler des problèmes de recyclage lorsqu’on réalise qu’un smartphone peut contenir jusqu’à plus de 50 métaux (Voir cette fiche) et une voiture électrique 70!

On en arrive donc au titre de cette chronique. S’il est évidement que la sobriété numérique est le début de la réponse, ce n’est pas suffisant. Nous devons probablement nous lancer dans des opérations beaucoup plus vastes. Et la «dé-numérisation» est probablement une piste à ne pas négliger compte tenu de certaines absurdités qui sont en train de se mettre en place comme cette pluie d’objets connectés si rapidement obsolescents et souvent inutiles…

Qu’allons-nous donc commencer par dé-numériser?

XS

A visionner aussi: fin des métaux rares: c’est l’heure du choix (avec Aurore Stéphant)

PS
Pour ceux qui penseraient que l’impact des mines (c’est-à-dire de toutes nos activités nécessitant des métaux) est exagéré, visionnez la série d’Arte intitulée Toxic Tour.
Concernant le numérique, cette approche intitulée Pour un numérique responsable, repenser les approches vis-à-vis des matières premières minérales est aussi intéressante.
Ce rapport est également inspirant: La consommation de métaux du numérique: un secteur loin d’être dématérialisé

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