Pays traditionnellement ouvert à l’innovation, la Suisse est en train de perdre un avantage compétitif important avec le retard pris sur le déploiement de la 5G. Mais ce n’est qu’un début. Avec la possible raréfaction de la bande passante disponible et l’impossibilité de renforcer facilement les réseaux, les opérateurs pourraient peut-être un jour devoir augmenter les prix… Merci les anti-5G!
Évidemment, je ne fais ici qu’imaginer quelles pourraient être les fâcheuses conséquences du retard pris sur le déploiement de la 5G en Suisse, notamment en raison de démarches parfois à la limite de la légalité de certaines autorités, plus à l’écoute des réactionnaires et des complotistes que des scientifiques, des vrais experts en la matière (Cf. Champs électromagnétiques, environnement et santé) et de respectables entreprises ayant pignon sur rue.
Moins efficace, plus polluant, plus cher avec la 4G
Ne pouvant déployer la 5G, une possibilité serait de renforcer le réseau 4G+ existant pour tenter d’endiguer la forte croissance de la demande de données sur les antennes. Il faudrait donc construire de nouvelles antennes et utiliser les «fréquences 5G» pour faire de la 4G+. Ça coutera probablement plus cher et ça consommera davantage d’énergie. On dira merci à qui? Aux anti-5G!
Commercialement, il faudra peut-être aussi trouver des solutions pour continuer d’assurer une qualité de service convenable pour les utilisateurs professionnels, notamment. Les opérateurs pourraient revoir leur tarification et jouer sur les débits disponibles et rendre la consommation de données plus chère. On dira merci à qui? Aux anti-5G!
Moins sur et au détriment de l’économie
Et là ce ne sont que de petites conséquences. Si les opérateurs ne peuvent pas mettre à jour leur réseau vers les technologies actuelles, ils devront se tourner vers des équipements moins performants, qui pourraient à terme de devenir plus chers, pour moins d’efficacité énergétique et moins de sécurité, puisque la 5G est bâtie sur les derniers standards en la matière. On dira merci à qui? Aux anti-5G!
D’un point de vue macro-économique, les choses pourraient aussi se corser. On pourrait imaginer des entreprises qui doivent quitter la Suisse ou qui doivent l’éviter, car leur logistique sera basée sur des services 5G. Et on dira merci à qui? Aux anti-5G! Mais pas seulement. Du côté du boulevard, il ne faudra pas oublier de remercier également d’aucuns qui auront veillé à donner plus de visibilité à des extrémistes qu’à des experts reconnus ou des entreprises (parfois en main des citoyens) employant des dizaines de milliers de personnes.
Dans notre société totalement numérique de l’information, les débats de qualité sont désormais battus en brèches par les activistes passés maîtres des médias sociaux. On laisse alors la libre parole aux impressions et sentiments des uns et des autres en ignorant les faits et les arguments. Navrant.
Xavier Studer
PS.
L’auteur ce ces lignes souhaite le plus vivement du monde que des normes strictes en matière de rayonnement non ionisant protègent efficacement la population, selon le principe de précaution en vigueur. Notamment pour sa propre santé, celle de sa famille ou de ses enfants… Évidemment, si le consensus scientifique devait changer, d’une manière ou d’une autre, il faudrait adapter les normes de sécurité en conséquence.